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Comment rendre le numérique vraiment responsable ?

Le 04.02.2022
Article | 6 min

À ses débuts, le numérique est apparu comme une alternative écologique au papier, servant notamment la réduction de l’empreinte carbone des matières premières. À mesure que ses usages se sont développés et intensifiés, son impact environnemental a été étudié de plus près. Aujourd’hui, la prise de conscience sur ses conséquences – non négligeables – sur l’environnement se renforce.

Depuis plusieurs années maintenant, on assiste à une poussée sociale et sociétale, dans un contexte d’urgence climatique. Si bien que, face à l’alternative radicale « accélérer le développement numérique au détriment de l’environnement ou réduire l’impact environnemental quitte à freiner le développement du numérique », 86 % des Français choisissent l’environnement, selon une étude menée par Harris Interactive pour le groupe SQLI Digital Experience.

La solution : proposer un numérique (vraiment) responsable.

 

Maîtriser l’impact environnemental du numérique est indispensable

« Connaître et maîtriser l’impact environnemental des services numériques que nous utilisons quotidiennement est crucial, d’autant que l’explosion de certains d’entre eux et, récemment la démocratisation du télétravail (avec pour conséquences : doublon d’appareils, multiplication des e-mails et vidéoconférences, outils collaboratifs…), ont amplifié ce phénomène », explique Delphine Bénard, Directrice RSE de Docaposte.

On estime ainsi à 9% l’augmentation annuelle de la consommation énergétique du numérique. En France, ce dernier représente 5,2% des émissions de gaz à effet de serre (GES) et c’est sans compter le développement de l’intelligence artificielle, des cryptomonnaies et l’augmentation exponentielle du nombre de données produites qui vont passer de 64 à 181 mille milliards de giga-octets entre 2020 et 2025 (selon Statista), contribuant à accentuer l’impact environnemental du numérique.

 

Faire converger transformation numérique et transition écologique

Cependant, il ne faut pas stigmatiser le numérique, nuance Delphine Bénard : « Ni ange, ni démon, il est un formidable outil dont les apports ne sont plus à démontrer, simplement, il convient de connaître ses conséquences sur l’environnement, afin de choisir les services numériques les plus responsables et d’en avoir le meilleur usage possible. La transformation numérique et la transition écologique doivent coexister. Mieux, la première peut et doit servir la seconde ». Selon la Global Enabling Sustainability Initiative (GeSI), les émissions réduites ou évitées grâce à une meilleure utilisation des technologies et du numérique pourraient être 7 fois moins importantes que les émissions du secteur numérique en lui-même.

Les entreprises ont donc un rôle à jouer et les attentes qui pèsent sur elles sont fortes. Selon l’enquête conduite par Harris Interactive pour le groupe SQLI Digital Experience, 83% des Français attendent d’elles une mobilisation en faveur de la réduction de l’impact du numérique sur l’environnement. De manière plus générale, 63% accordent davantage leur confiance à celles qui proposent des produits durables. À l’instar de Docaposte qui a rejoint en 2020 Planet Tech’Care, initiative de Numeum s’engageant « à mesurer puis à réduire les impacts environnementaux de ses produits et services numériques » mais aussi « à sensibiliser ses parties prenantes » pour que chacun soit en mesure de contribuer à réduire leurs impacts sur leurs périmètres de responsabilité.

 

Un cadre juridique en évolution

Ce mouvement s’accompagne d’un arsenal réglementaire en constante évolution visant à encadrer certaines pratiques. « En France, la loi AGEC de 2020 et la loi Climat et résilience de 2021 fournissent les premières obligations environnementales, complétées par la loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France (Loi Chaize). Avec cette dernière, adoptée en novembre 2021, nous nous orientons vers une obligation – au moins pour le secteur public – d’intégrer la notion d’écoconception dans les services numériques, à partir de 2024. Par ailleurs, il existe désormais des référentiels, des lois, et bientôt des certifications – l’AFNOR travaille sur des certifications d’écoconception – afin d’accompagner les entreprises vers plus de frugalité numérique. »

Mais attention au « greenwashing » ! « Il est indispensable de mettre en place une approche globale pour un numérique vraiment responsable, c’est-à-dire qui ne se limite pas au volet environnemental. Un numérique ne peut être responsable que s’il prend également en considération les enjeux sociaux et sociétaux. Sinon, le risque est que le numérique devienne une source d’exclusion », souligne Delphine Bénard.

 

Les enjeux du numérique responsable

« Œuvrer à un numérique responsable, c’est donc proposer des services numériques à impact positif et être capable de mesurer et d’optimiser cet impact autour de 3 enjeux : maîtriser ses conséquences environnementales, agir en faveur de l’inclusion et placer l’éthique au cœur de chacune de ses actions », résume la Directrice RSE de Docaposte.

 

  • Un numérique responsable est inclusif

Renforcée par la crise de 2020, la nécessité d’avoir un numérique inclusif passe par l’appropriation des outils et des usages numériques par tous et pour tous, partout sur le territoire. Au-delà des 14 millions de Français qui ne maîtrisent pas le numérique (selon le Rapport de la mission d’information « Lutte contre l’illectronisme et pour l’inclusion numérique »), 5 millions de salariés ont rencontré des difficultés face au numérique pendant le confinement lié à la crise sanitaire et 5 à 8% des élèves n’ont pas pu suivre les cours à distance durant cette période.

Corollaire de ce constat, l’accessibilité numérique doit être une priorité. En France, la loi du 11 février 2005, « Pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » impose « l’accessibilité des services de communication publique en ligne pour les services de l’État, des collectivités territoriales et des établissements publics qui en dépendent ». Or, en avril 2020, seulement 13% des démarches administratives les plus utilisées étaient réellement accessibles (d’après l’observatoire de la qualité des démarches en ligne).

Pour Delphine Bénard : « les entreprises privées ont aussi une responsabilité, charge à elles de s’emparer de ces sujets d’inclusion et d’anticiper par là même les obligations qui devraient finir par les concerner, de toute façon. Pour cela, la formation des équipes techniques dans chaque organisation est indispensable, afin qu’elles intègrent la question de l’accessibilité dès la phase de conception de leurs produits, solutions et services. »

  • Un numérique responsable est également éthique

Enfin, un numérique responsable ne peut se concevoir sans éthique, surtout à l’heure où nous produisons et partageons autant de données chaque jour.

Au niveau européen, les réflexions en cours sur la Décennie numérique de l’Europe, notamment la définition des Principes numériques de l’Europe, ainsi que les discussions sur l’Artificial Intelligence Act (AI Act), vont forger notre éthique du numérique pour la décennie à venir.

En conclusion, pour être vraiment responsable, un service ou une solution numérique doit donc conjuguer maîtrise de son impact sur l’environnement tout au long de son cycle de vie, inclusion et accessibilité numériques et éthique. « C’est pourquoi, chez Docaposte, nous avons placé le numérique responsable au centre de notre politique RSE pour concevoir et développer des solutions numériques de confiance, hébergées de manière écoresponsable, accessibles à tous et éthiques, intégrées à la chaîne de valeurs de nos clients et partenaires », conclut Delphine Bénard.