Socle indispensable à la démocratisation et à la sécurisation des transactions électroniques au sein du marché intérieur, le règlement européen n°910/2014 dit "eIDAS" (Electronic IDentification, Authentification & trust Services) a marqué une étape fondamentale dans la création d’un cadre réglementaire nécessaire à la définition et à l’harmonisation des services numériques de confiance au sein de l’UE. Or, avec l’évolution des usages numériques, la révision du texte devenait nécessaire.
Le mardi 26 mars, le Conseil de l’Union européenne a adopté eIDAS V2, la nouvelle mouture du règlement européen eIDAS, marquant la fin d’une négociation initiée il y a près de 3 ans. Cette nouvelle version est en passe d’être promulguée dans les prochaines semaines et sera directement applicable en France et dans les États-membres de l’UE, après plusieurs années de débats et de travaux. Ce règlement eIDAS V2 est un texte très attendu, notamment par les acteurs du marché de l’identité numérique, puisqu’il pose les bases du futur portefeuille européen d'identité numérique ("EUDI Wallet"), pierre angulaire de cette évolution réglementaire.
Quelles évolutions cette nouvelle version promet-elle ? Décryptage.
Une brève histoire du règlement eIDAS
Entré en vigueur en 2014, le règlement européen eIDAS a permis de définir des services de confiance précis et homogènes au sein de l’Union européenne, notamment au travers d'une qualification par l'organe de contrôle national (en l’occurrence, l’ANSSI pour la France) : la création et la délivrance de certificats de signature ou de cachet électroniques, la validation et la conservation de signatures et de cachets électroniques, l’horodatage électronique, l’envoi de recommandé électronique et l’authentification de site internet.
« Le règlement eIDAS dans sa première version avait la double vocation de créer un marché intérieur des services de confiance produisant des documents électroniques ayant la même valeur juridique que leurs équivalents manuscrits et s’assurer que les usagers (personnes et entreprises) puissent utiliser leurs systèmes nationaux d’identification électronique pour accéder aux services publics en ligne dans d’autres pays de l’UE. », précise Candice Dauge, Directrice du pôle Identité et Sécurité numériques.
Identité numérique et création d’un portefeuille européen d’identité numérique
En complément de ces nouveaux services de confiance, le règlement eIDAS V2 pose le principe du portefeuille européen d'identité numérique (aussi appelé "e-wallet" ou "EUDI wallet") qui devrait être opérationnel d’ici 2026.
Ainsi, chaque État-membre de l’UE devra offrir un portefeuille numérique à tous ses citoyens et résidents qui en exprimeront le souhait. Sécurisé et disponible depuis un mobile, il permettra de fournir des données d'identité (de manière similaire à la présentation d'une carte nationale d'identité ou un passeport) et de partager des "attestations électroniques d'attributs", permettant par exemple d'attester des droits octroyés par des documents administratifs tels que le permis de conduire, les documents de voyage (visas), les diplômes ou encore les documents de santé (attestations de couverture par la sécurité sociale ou la mutuelle). Il sera valable dans l’Union européenne.
« Il est important de noter que ce wallet ne remplacera pas dans un premier temps les documents physiques et qu’il devra être accessible à tous, mais ne sera pas obligatoire. Au-delà du haut niveau de sécurité qu’il garantira, il présentera l’avantage de permettre de ne partager avec des tiers que les données qui sont nécessaires à un instant T (exemple : l’âge pour l’achat de produit interdits aux mineurs), le tout sous le seul contrôle de l’utilisateur. », commente Candice Dauge.