1. Le management transversal fleurit dans les entreprises, pourquoi se développe-t-il et à quels besoins de l’entreprise répond-il ?
« Le thème du management transversal est devenu une donnée d'entrée pour répondre aux problématiques de changement organisationnel, d'agilité, de créativité et de performance globale de l'organisation.
Dans un contexte d'accélération et de concurrence plurielle et mondiale qui touche tous les marchés et avec la montée en puissance des pure players notamment, les entreprises historiques doivent se transformer pour rester compétitives et s'adapter aux nouvelles règles de leur marché et à leurs clients.
En effet, ces derniers entendent maintenant disposer de solutions ou de services de façon quasi instantanée. Conséquence directe : les prises de décisions doivent être très rapides, traduites dans l'action en un temps toujours plus court. De plus, les acteurs en relation avec les entreprises sont toujours plus nombreux, de nature différente, avec des besoins et contraintes spécifiques et en interaction les uns avec les autres.
En termes de marché et besoins clients, ils ont évolué vers des processus intégrés plus enrichis et complexes, qui, dans le cadre de la digitalisation, font appel désormais à plusieurs solutions technologiques qui nécessitent un pilotage unique.
En matière de gestion de projet, celle-ci est devenue pluridisciplinaire et demande des compétences à la fois techniques, juridiques, organisationnelles, et associées à la sécurité, des points cruciaux dans le monde de la digitalisation et des services de confiance.
Enfin, cet ensemble est soumis à un contexte normatif et juridique de plus en plus complexe qui évolue désormais à l'échelle européenne.
Aussi, l'organisation et la gestion de projets en entreprise sont devenues plus difficiles à appréhender, et bien évidemment les anomalies dans leur fonctionnement se sont multipliées, notamment du fait des silos en place. Les interfaces sont devenues des « zones de frottement ». Le besoin de coordination s'est donc accru pour devenir crucial.
On retrouve généralement quatre caractéristiques dans les organisations complexes d'aujourd'hui :
- le caractère matriciel : les collaborateurs ont plusieurs « chefs » ou « référents » ; il y a un croisement entre opérations et fonctions, entre pays et marchés, entre produits et clients …
- le développement de la gestion par projet, ce qui signifie la mise en place de « structures éphémères » au sein de l'organisation,
- la recherche d'agilité, c'est à dire le mouvement permanent, l'amélioration continue, l'apprentissage organisationnel,
- enfin, la virtualité, c'est à dire la multiplication des outils collaboratifs. »
« La mise en place d'un management transverse implique une gestion humaine de la transition et d'un véritable accompagnement des collaborateurs. »
2. Dans un tel contexte organisationnel, comment mener à bien un programme transversal et quelles sont les best practices d’un Directeur de Projet Transverse ?
« Il faut à la fois décentraliser l'opérationnel, c'est à dire rapprocher les systèmes de décision au plus près des réalités locales et de leurs aléas, mais aussi simplifier l'accès des clients à l'entreprise, et gérer la multiplicité des interlocuteurs externes.
Il est primordial de mettre en place une centralisation de la stratégie qui va se traduire par un alignement de l'organisation, une réduction des niveaux hiérarchiques, une mise en cohérence des politiques de l'entreprise. Ici des économies d'échelle sont alors possibles.
Un autre point important consiste à orchestrer les différentes solutions internes et les intervenants référents (« les sachants ») afin d'aboutir à une vision commune des nouveaux services à déployer, avec un objectif : faire émerger la valeur ajoutée de la nouvelle offre.
Face à ces évolutions de l'organisation, et à la nécessité de changement de comportements qu'elles induisent, le management a dû lui aussi se transformer, d'où l'approche du Directeur de Projet Transverse.
Manager en transversal signifie donc « faire collaborer des acteurs de l'entreprise, pour atteindre un résultat attendu, dans une relation qui n'est pas hiérarchique ». Cela signifie que le manager transversal n'a pas d'autorité directe, il se doit de :
- relayer la politique et les valeurs de l'entreprise
- favoriser le partage de pratiques
- développer une intelligence collective face à la complexité
- organiser la coopération entre filiales
- mutualiser les ressources rares et réaliser des économies
- éliminer les dysfonctionnements au niveau des interfaces
- gérer les différences de timing, le court-terme et le moyen-terme
- gérer la multitude d'informations et le besoin de réponses instantanées
- favoriser la créativité, capitaliser les expertises et « cross fertiliser »
- effectuer et partager une veille technologique, juridique et de marché. »
La mise en place d'un management transverse implique donc une gestion humaine de la transition et un véritable accompagnement des collaborateurs. »
3. En illustration, pouvez-vous citer un projet transverse emblématique chez Docaposte ?
« Docaposte, filiale numérique du Groupe La Poste, a grandi par fusions/acquisitions d'entreprises spécialisées dans la gestion de flux physiques et numériques. Ce développement permet aujourd'hui à Docaposte d'avoir une offre parmi les plus larges de son marché, avec plus de 140 solutions alliant numérique et physique, de pouvoir jouir d'une double compétence industrielle et numérique et d'aborder la gestion des processus de manière multicanal.
Travailler ensemble, collaborer à l'origine des produits / services et intérêts divergents : un vocable différent pourrait être source de tension. En effet, chaque entité garde généralement ses propres objectifs et doit être garante de ses résultats, mais chacune est clef dans la réussite d'un projet commun transverse. C'est là que la mission de Directeur de Projet Transverse chez Docaposte prend tout son sens. Pour exemple, afin d'enrichir notre gamme de signature électronique et d'offrir à nos clients encore plus de sécurité, nous mettons actuellement en œuvre un nouveau service de confiance : la signature électronique qualifiée. Dans le cadre de ce projet, nous faisons appel à différents métiers et expertises qui s'opèrent dans un processus global.
Concrètement, nous allons mettre en œuvre un nouveau service de signature électronique qui associe un environnement technique de création de signature dite « qualifiée », intégrant des identités numériques et certificats qualifiés, et exigeant des ressources humaines pour la vérification d'identité à distance. L'ensemble doit être le plus simple possible à l'usage pour nos utilisateurs finaux en y associant la robustesse et la sécurité inhérentes aux enjeux de signature électronique.
Chaque brique technologique composant cette solution dépend d'une entité qui a ses propres exigences en tant que prestataire de confiance eiDAS. En effet, notre solution fait appel aux équipes de Docaposte qui apportent la brique technologie de signature électronique, mais également à notre marque Certinomis qui fournit le certificat et les dispositifs de création de signature qualifiée et qui s'assure du respect des aspects réglementaires, puis notre filiale Arkhineo, qui met à disposition notre service de confiance de validation et de conservation de la signature, et enfin La Poste pour l'Identité Numérique.
Afin d'offrir à nos clients ce service de signature électronique qualifiée, toutes les parties prenantes ont contribué à la construction de cette nouvelle solution en collaborant, en s'écoutant et en comprenant les contraintes individuelles et ce grâce au rôle facilitateur du Directeur de Projet Transverse.
Le management transversal est un sujet stratégique pour Docaposte qui entend mobiliser efficacement toutes ses ressources en appliquant ce mode collaboratif à la gestion de ses grands projets. Il va permettre à Docaposte de proposer les meilleurs services avec les dernières innovations à ses clients avec le niveau de qualité de service et de confiance attendus. »